jeudi 2 juin 2011

En attendant le tome 2...

Si vous avez aimé "Les Philopyges", vous aimerez (encore plus) :-) :



« DE L’EGAREMENT A TRAVERS LES LIVRES »
d’Eric Poindron.
Le Castor Astral, éditeur.


Une mystérieuse association de fous des livres, « bibliopathonomades », recrute des enquêteurs chez les bouquinistes. Des ouvrages introuvables arrivent par la poste chez le narrateur, porteurs d’énigmes ou d’invitations à des rendez-vous discrets dans des bibliothèques de Reims ou d’ailleurs…

Il faudrait une immense érudition pour démêler le vrai du faux. Tous les fous littéraires évoqués dans ce livre ont-ils vraiment existé, ou sont-il eux-mêmes issus de l’imagination d’un autre fou?

Sociétés secrètes, atmosphères des dix-huitième et dix-neuvième siècles, bibliothèques cachées, passages dérobés: ce livre est un labyrinthe de contes fantastiques où l’on croise des figures connues (égarées là depuis quand ?) et des ombres mystérieuses. Il m’a replongé dans les souvenirs récents du «Manuscrit trouvé à Saragosse» de Potocki, ou dans les transes des lectures inquiétantes de ma pré-adolescence : Jean Ray, Lovecraft, Conan Doyle, et bien d’autres…

Et si tout était vrai, comme nous en avertit le narrateur dès les premières pages ? Et si, ayant cru entrer dans un roman, on s’apercevait en ressortant qu’on vient de lire un traité d’histoire littéraire ? Et si chaque conte était un essai ? Ce n’est pas le moindre charme de ce livre inclassable !

L’ayant lu dans un train bondé de fêtards, lors d’un voyage à travers la Voïvodine, aux confins de la Serbie et de la Hongrie, je n’avais pas à portée de main les moyens de vérifier les racontars d’Eric Poindron. Il m’est donc impossible, cher lecteur, de vous donner la moindre indication pouvant vous éviter de vous égarer à votre tour.

Allez-y à vos risques et périls…

POST SCRIPTUM:

Note 1: Une recherche rapide via google sur le terme "bibliopathonomadie" m'a conduit à l'écrivain serbe Goran Petrovic et son livre "Soixante-neuf tiroirs", ainsi qu'à Milorad Pavic et son "Dictionnaire khazar" ! A mon insu, cette lecture dans un train ne devait donc rien au hasard ! Nos lectures seraient-elles guidées par des forces occultes ?

Note 2: D'autres recherches sur les différents chapitres du livre m'ont permis de prendre la mesure de mon ignorance, et celle de l'érudition d'Eric Poindron, aussi ne m'étendrai-je pas davantage sur ce sujet embarrassant...



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dimanche 3 avril 2011

JOSSOT, les couvertures auxquelles vous avez échappé.

Henri Gustave Jossot, peintre et caricaruriste de la Belle Epoque dont l'oeuvre est très diverse et l'humour sans pitié.

Un site lui est consacré par Henri Viltard : http://gustave.jossot.free.fr/

Henri Viltard organise aussi une exposition remarquable des travaux de Jossot, à la bibliothèque municipale de Paris, 1 rue du figuier dans le Marais, de mars à juin 2011.

Je rêvais de voir ses dessins en couverture des deux volumes de mon roman. L'éditeur en a décidé autrement, mais les dessins se retrouvent en noir et blanc en pages intérieures.


LA CONJURATION DES PATRIOTES
Ces deux là ressemblent étrangement aux deux personnages à droite de l'image dans l'épisode de "La dictée du bordereau" tourné par Méliès.(Voir l'article sur l'Affaire Dreyfus)


SERIE NOIRE A LA COLONIALE




samedi 2 avril 2011

Stéphane Mallarmé fut il assassiné ?

Vous le saurez bientôt !














Palm, ou Palma, l'autre "gentleman cambrioleur"...

Dans les écrits d'Alexandre Jacob publiés aux éditions l'Insomniaque, une lettre envoyée à sa mère en janvier 1915, alors qu'il se trouvait au bagne en Guyane, fait allusion à un certain "Palma" sur qui aucun détail n'est donné...



Ai-je retrouvé la trace de cet homme ?

Dans son livre autobiographique "Souvenirs d'un ours" publié en 1946 , Lucien Descaves ( dont j'ai fait un membre de la bande des philopyges), écrivain libertaire et journaliste à l'Aurore à l'époque de l'affaire Dreyfus raconte qu'en 1898 ou 1899 il fut victime d'un cambriolage. Voici ses mots, près de cinquante ans après les faits :


"Chapitre XIII: « Revenez tout de suite. Maison dévalisée ».

Dans le train « trop omnibus à mon gré » il se fait cette réflexion : « Faut il tout de même que ces cambrioleurs opèrent à l’étourdie ! En effet, ou bien c’est par hasard qu’ils ont jeté leur dévolu sur mon habitation, et alors ils ont risqué les travaux forcés pour bien peu de choses ; ou bien sommairement renseignés, ils savaient quel est mon genre de vie et d’occupation, et il faut, en ce cas,qu’ils soient bien jeunes, bien naïfs, pour s’imaginer trouver dans les tiroirs d’un homme de lettres autre chose que des manuscrits et une correspondance volumineuse. »

Et il ajoute : « Le cambriolage n’est il pas, en somme, préférable à l’incendie qui détruit tout… »

Mes cambrioleurs avaient, dans le cabinet de travail, respecté les cartons, la bibliothèque, ne considérant pas sans doute mes livres et mes gravures comme un superflu dont il était raisonnable de me soulager. Je leur en rendis grâces.

(…)

L’effraction des meubles avait été opérée avec un tel soin, que je dus convenir qu’un serrurier requis pour ouvrir une porte, occasionne généralement dix fois plus de dégâts…

(…)

J’eus des nouvelles de mes visiteurs une dizaine d’années plus tard, en 1908, lorsque M. de Soubeyran de Saint-Prix, juge d’instruction, me pria de me rendre en son cabinet pour m’y fournir des détails sur le cambriolage dont j’avais été victime.

Affable et sans détours, M. le juge me mit en deux mots au courant des révélations d’un certain Palm, mon voleur.

Palm avait trente ans… plus huit ans de travaux forcés que lui valurent divers cambriolages, non compris le mien. Palm ne risquait pas grand chose en m’ajoutant à sa liste : il était déjà relégable. Enfin, c’était quelqu’un. J’avais hâte de le connaître plus intimement.

Il entra, escorté de deux gardes municipaux, et je vis un petit homme à la figure mobile, simiesque et fanée (…) Il portait le costume de détenu.

M de Soubeyran de Saint-Prix fit les présentations, nous nous saluâmes, Palm et moi, et la conversation s’engagea aussitôt, vive et cordiale, en présence d’un défenseur, bien aimable aussi. Le plus à son aise d’entre nous était Palm. A ne le juger que sur sa mine, on lui eût donné un casier judiciaire, sans confession. Mais il tenait à se confesser, et il en avait gros sur le cœur !Il fournit donc sur son expédition du boulevard Brune des renseignements circonstanciés dont j’étais seul à même de vérifier l’exactitude. C’était bien lui mon cambrioleur , ou plutôt, l’un de mes cambrioleurs, car il avait un complice, prétendait il, un vieux camarade avec lequel il travaillait depuis douze ans.
- Dans les mêmes maisons ? demandai-je.
- Dans les mêmes maisons.

Palm avait une mémoire étonnante. Dieu sait combien il avait dévalisé de pavillons isolés depuis dix ans… et il se rappelait par rapport au mien, de détails que j’avais moi même oubliés.

Il racheta même, dans une certaine mesure, sa conduite à mon égard en déclarant qu’il avait appris le lendemain seulement, par les journaux, le nom de sa victime, et qu’il avait regretté que ce fût moi, dont il lisait les articles…

( Palm se moque de la corpulence de Descaves, au sujet des vêtements volés : « Le plus volé de nous deux d’ailleurs, ce fut peut-être moi… »
( Conseils de Palm à Descaves pour éviter les cambriolages…)

Au moment de prendre congé de lui, il me parut charitable de lui souhaiter du courage :
- Vous avez déjà fait trois ans de prison… c’est autant de pris sur vos huit années de travaux forcés… Comme la relégation s’y ajoute, je n’ose pas toutefois vous dire : « Au plaisir de vous revoir. »
- D’autant plus que le plaisir serait surtout pour moi… Je n’ai pas souvent l’occasion de rencontrer des gens qui me comprennent.

Et mon cambrioleur, dont j’ai fidèlement rapporté les propos, manifesta encore son usage du monde en s’effaçant pour me laisser passer.

Cité comme témoin, le jour du procès, à Versailles, je n’assistai pas aux débats. Dois-je me le reprocher ? A dire vrai, je n’avais pas la moindre illusion sur l’accueil du tribunal à la déposition d’une victime érigée en témoin à décharge.

Je m’abstins de toute démonstration, car si je n’ai jamais hésité à remplir un devoir, je me suis toujours refusé à jouer un rôle dans les spectacles."

Voilà, alors le Palm de Descaves et le Palma de Jacob ne sont ils qu'une seule et même personne ?

Dans la fiction, je n'ai pas hésité à répondre "oui".

Dans la réalité, que peut on en penser ? Descaves écrit près de cinquante ans après les faits. A cette époque, Maurice Leblanc a déjà répandu sa légende du gentleman cambrioleur. Il faut savoir que Descaves était, dans les années 1910, le directeur littéraire du "Journal" où les aventures d'Arsène Lupin paraissaient en feuilleton. Descaves est-il sous l'influence de la lupinose quand il dresse le portrait de Palm ?

La réaction de Descaves au cambriolage fait penser à la chanson de Brassens, "Stances à un cambrioleur" qui est bien postérieure...

Qui est le vieux camarade que Palm ne nomme pas ?

Les regrets de Palm après avoir cambriolé un journaliste-écrivain dont il lisait les articles font penser à l'histoire du cambriolage de Jacob chez Pierre Loti... Palm et Jacob partageaient-ils une même éthique ? Pourquoi ?

*

Jacob, anarchiste cambrioleur.


Alexandre Jacob, 1879-1954.

Ce personnage a fait l'objet de plusieurs biographies plus ou moins fiables. La dernière en date, et la plus approfondie, est celle de Jean-Marc Delpech, publiée par l'Atelier de création libertaire. Un blog est associé au livre à cette adresse :
http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/



J'ai écrit mon livre avant la parution de la biographie de Jean-Marc Delpech, et en tant que roman, il ne prétend pas à une parfaite exactitude historique.

Heureusement pour moi, aucune des diverses biographies n'est très précise sur la période qui va du printemps 1898, où Jacob sort de prison, au printemps 1899, où il organise un coup magistral au Mont de Piété de Marseille.

J'ai profité de cette lacune pour faire jouer à Jacob un rôle dans mon roman.

*

NAUFRAGES en 1895 et 1999.



Il faut être prudent avec ce que l'on raconte dans un roman !

Parfois les histoires des personnages deviennent la réalité de l'auteur...

Dès les débuts du projet, j'avais décidé d'évoquer l'histoire vraie de José Asunciòn Silva, écrivain colombien qui, en 1895, avait fait naufrage à bord du vapeur "L'Amérique" en longeant la côte entre le Venezuela et la Colombie. Dans cette mésaventure, il avait réussi à sauver sa vie, mais il avait perdu un coffre contenant toute son oeuvre.

Par la suite, il avait réécrit de mémoire son roman le plus important. Je volais donc un fait à la réalité pour l'intégrer dans ma fiction...

La réalité s'est vengée en faisant ressurgir cet évènement dans ma vie !

En janvier 1999, lors d'une tempête entre Madère et les Canaries, j'ai moi aussi fait naufrage et perdu, avec mon voilier, une bonne partie de mon premier roman, que j'ai dû réécrire de mémoire...

*

La mystérieuse princesse Marie-Thérèse Tchibinda.

Cette jeune femme, originaire du Soudan, vivait à Paris dans les années 1890.

Il n'y a, à ma connaissance qu'un seul témoignage historique sur son existence, c'est le récit du colonel Baratier, qui dans ses mémoires raconte sa rencontre avec elle alors qu'il était jeune officier au Congo en novembre 1896.

Il faisait partie de l'expédition du colonel Machand qui se préparait à rejoindre le Soudan et la vallée du Nil.


Voici ce qu'il en dit, avec sa délicatesse de militaire colonial de l'époque:

Il pleuvait. C'est peu de dire qu'il pleuvait; l'eau tombait comme elle ne tombe que dans les pays tropicaux, en cataractes.
(...)
Assis sous la véranda, je regardais la pluie, quand, derrière ce voile, j'aperçus quelque chose de bizarre qui se mouvait sur le sentier conduisant de la rivière au poste.

On eût dit un sac en marche ; un sac surmonté d'une étrange coiffure... Au sommet de la côte, en prenant pied sur le plateau, le sac se redressa, un coup de vent le plaqua sur des formes humaines... Je me frottai les yeux, je n'en croyais pas ma vue.


J'avais devant moi une silhouette de femme ! Une femme vêtue à l'européenne! Cette coiffure était un chapeau! Un chapeau de
paille fleuri !

A quelques mètres de ma case, la tête apparut; ce n'était qu'une négresse! Mais une négresse dans cet attirail? D'où sortait-elle? Où allait-elle?

Une lumière illumina subitement mon ahurissement. J'avais devant moi la princesse Marie-Thérèse Tchibinda.

J'avais oublié absolument que son arrivée nous était annoncée depuis deux mois par dépêche ministérielle. Marchand m'avait fait part de cette surprenante nouvelle. Le ministre des colonies nous envoyait « une femme politique », fille du sultan du Dar-
Banda, qui désirait être replacée sur le trône, d'où une razzia l'avait enlevée jadis. Nous nous étions même demandé si nous n'étions pas l'objet d'une mystifîcation ; le Dar-Banda avait été conquis par le sultan Rafaï, et le trône en question s'était écroulé depuis longtemps.

Je constatais l'authenticité de la dépêche, en même temps que l'existence de la femme politique !

Pauvre princesse ! Elle avait dû passer à gué la Comba grossie par la tornade ; sa jupe d'indienne, des épaules aux pieds, collait sur son corps, le chapeau garni de fleurs ruisselait, n'avait plus forme de chapeau, les roses pendaient tout autour lamentablement ; ce n'était plus une femme, c'était une cascade !

Elle me faisait pitié malgré cet accoutrement comique, et je m'avançai vers elle :

— Princesse, soyez la bienvenue. Vous voilà dans un triste état !

Le visage humide, msis épanoui d'un sourire, elle me répondit avec un fort accent méridional :

— Oh! ça n'a aucune importance. Je ne suis pas de ces femmes qui font du fla-fla.

Ah! non; elle ne fait pas de fla-fla! Voila une princesse bonne enfant! J'allais apprendre peu après que j'eusse pu dire bonne d'enfants. Pour linstant, je l'invite à se sécher, à se changer même, si elle en a les moyens.

— Ma malle arrive, affirme-t-elle fièrement

— Princesse, soyez la bienvenue.

Mon ahurissement est complet. C'est une chapelière! Une malle chapelière sur les routes du Congo! Comment a-t-elle pu traverser la montagne et la forêt du Mayombe ? Il paraît que chaque matin il y a eu lutte entre les porteurs, à qui ne prendrait pas cet encombrant colis. Je le comprends. On aurait dû au moins, à Paris, donner quelques renseignements à cette malheureuse.

Derrière la malle, marche M. Crevost, agent du Congo, qui se rend à Brazzaville, et est chargé d'escorter la femme politique
de la Mission du Nil. Cette corvée le met d'assez méchante humeur; il trouve sa fonction ridicule et n'a pour sa compagne
de route aucun des égards dus à une reine, même déchue. Peut-être que si la pauvre était moins laide, il serait moins dur avec
elle?

Pendant que la princesse se déshabille, je déclare à M. Crevost qu'elle est pour moi l'envoyée du ministre ; je vais donc
l'inviter à dîner. J'ai surtout une forte envie de connaître l'histoire de cette malheureuse. Comment cette idée de revendiquer
une couronne a-t-elle pu lui venir? Il y a certainement longtemps qu'elle est en France, à en juger par la façon dont elle
parle.

La voilà changée, de costume, pas de visage. Sa robe parsemée de petits bouquets ne l'embellit pas. Quand elle était trempée et que ses vêtements transparents plaquaient sur son corps, elle semblait être dans la tenue où on est accoutumé de
voir une négresse ; mais une toison crépue, un nez épaté, des lèvres proéminentes, ne gagnent pas au costume européen.

Mon invitation est accueillie avec une reconnaissance dont j'ai peine à arrêter le débordement. A table, la princesse ne demande qu'à parler. A mesure que se déroule son histoire, j'admire l'œuvre philanthropique à laquelle nous sommes conviés à nous associer.

Agée de trois ou quatre ans, Marie-Thérèse Ichibinda fut enlevée dans une razzia opérée au Dar-Banda, sur lequel, assure-t-elle, régnait son père. Transportée dans le Soudan Egyptien, vendue plus tard en Erythrée, elle échoua à Massaouah, où un officier italien la recueillit et la prit à son service. Avec cet officier, elle vint en Italie, et y passa la plus grande partie de son existence, jusqu'au jour où des événements mal définis, la conduisirent en France. Ce qu'elle y fit tout d'abord, demeure dans le vague. Avec une tête couronnée, il faut être discret; je n'insistai pas. Où et comment, en combien de temps apprit-elle le français? L'histoire ne le saura jamais. Sa vie redevint publique quand elle entra comme bonne d'enfants chez un journaliste, rédacteur à L'Eclair, affirme-t-elle.

C'est ce rédacteur avisé, qui probablement désireux de se débarrasser de cette négresse, tout en lui procurant une place avantageuse, lui mit en tête l'idée de remonter sur le trône de ses pères. Il dut être très éloquent; Marie-Thérèse Tchibinda, séduite par l'appât des grandeurs, s'enthousiasma de ce projet. Le malin publiciste ne fut pas moins éloquent avec le ministre des colonies; il lui exposa, ainsi que le prouve la dépêche reçue par nous, que cette femme nous serait de la plus haute utilité; il n'hésita pas à affirmer que nous traverserions le Dar-Banda et que le fait d'y ramener une souveraine nous y créerait tout de suite une situation hors de pair. Le ministre ne pouvait se refuser à un devoir d'humanité qui se doublait d'un acte politique. C'est ainsi que devant la volonté bien arrêtée de Marie-Théièse Tchibinda de revoir le berceau de ses ancêtres, le gouvernement résolut de l'expédier à la Mission.

Nul ne s'est inquiété de savoir comment, ayant été enlevée à trois ans, Marie-Thérèse pouvait se rappeler qu'elle appar-
tenait à la grande famille des Tchibinda ! On a oublié que le Dar-Banda n'existait plus. On n'a pas réfléchi que nous ne traverserions nullement le pays qui fut le Dar-Banda. On n'a pas songé que la malheureuse, élevée eni Italie, parmi le
monde civilisé, ne se doutait pas de ce que représentait l'Afrique, de ce qu'était la vie des siens, si jamais elle les retrou-
vait ; on ne s'est pas dit qu'on allait la jeter dans un pays dont elle ignorait tout, dont elle ne savait pas la langue, et que lui
faire reprendre les mœurs des anthropophages n'était peut-être pas le dernier mot de la philanthropie I

Je lui demande si elle se .souvient du nom de son village? Elle me répond qu'ils est au bord d'une rivière. C'est faible com-
me renseignement! Quant à l'origine de son nom, elle est très étonnée de cette question. Elle s'est toujours appelée comme
ça. Oui, toujours; c'est-à-dire depuis, qu'elle a des souvenirs, et les plus lointains remontent au temps de sa captivité.

Tchibinda est vraisemblablement un nom que lui ont donné ses ravisseurs. Elle ne connaît, en fait de brousse, que le Corso et
le boulevard I Elle s'imaginait voir ici des villes, des chemins de fer et des tramways...

Que ferons-nous de cette femme? Pour le moment, elle n'a qu'à poursuivre sa route jusqu'à Brazzaville, elle y attendra notre
départ.

Le lendemain matin, elle se remit en marche, coiffée de ses roses, suivie de sa chapelière. Elle affirmait, essayant d'em-
brasser mes doigts, qu'elle était triste de me quitter car elle m'aimait bien déjà!




*

Pendant ce temps, en Afrique...

http://www.histoire.presse.fr/content/2_recherche-full-text/article?id=5505

1898: la France se passionne pour l'affaire Dreyfus, les patriotes n'ont que l'honneur de l'armée à la bouche !

Mais l'armée, que fait-elle ? Elle s'illustre de façon sanglante en Afrique.



Mai 98 : c'est la prise de Sikasso au Soudan ( actuel Mali )

Eté 98 : Les jeunes officiers Voulet et Chanoine, qui se sont fait connaître en 96-97 par leur conquête brutale du pays mossi (actuel Burkina Faso ), préparent une expédition qui doit les conduire du Sénégal au lac Tchad.



Voulet



Chanoine



Le général Chanoine, père du précédent, ministre de la guerre en septembre octobre 98, antidreyfusard, fait tomber le gouvernement en démissionnant le 25 octobre.

La nouvelle expédition de Voulet et Chanoine en 98-99 sera un véritable massacre, mais cela est développé dans le tome 2...

Septembre 98 : c'est la capture de l'empereur Samory Touré, le dernier à résister aux français en Afrique de l'ouest.





Samory Touré sera déporté au Gabon, où il mourra quelques années plus tard.


Octobre 98 : C'est la crise de Fachoda entre la France et l'Angleterre. L'expédition du colonel Marchand partie du Congo, a occupé le village de Fachoda sur le haut Nil, et se heurte aux anglais du général Kitchener.



Le capitaine Baratier est envoyé à Paris pour prendre des ordres, bénéficiant d'un sauf-conduit des anglais il descend le Nil et traverse la Méditerranée pour débarquer à Marseille et se rend en train à la capitale où l'attendent les patriotes exaltés, au lendemain de la démission du général Chanoine.



Baratier

Finalement la France cèdera devant la pression diplomatique de la Grande Bretagne et Fachoda sera évacuée. Mais Marchand restera une icône pour les patriotes.


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Jean Contoux-Montalvo, fils de Juan Montalvo.

Cet enfant, qui a une douzaine d'années à l'époque de l'affaire Dreyfus et du roman, est le fils de l'écrivain équatorien Juan Montalvo et d'Augustine-Catherine Contoux, jeune parisienne qui fut sa compagne pendant les dernières années de sa vie, en exil à Paris. Notre héros, Alexandre Wollaston, qui a connu Montalvo peu avant sa mort, se sent un peu coupable de n'avoir pas assez veillé au bien être de l'orphelin...

Juan Montalvo était un écrivain libéral et anticlérical qui s'opposa souvent au dictateur conservateur Garcia-Moreno, ce qui lui valut plusieurs périodes d'exil, en Colombie ( où il eut quatre fils ) et en France, où il mourut en 1889.

Fils d'un homme illustre pour les équatoriens, Jean Contoux fut un petit parisien anonyme pour les français, et un objet de curiosité pour les diplomates de son pays d'origine. Les riches équatoriens de passage à Paris venaient lui rendre visite, et selon la couleur politique du gouvernement du moment, il recevait parfois quelques subsides de l'ambassade.

Sa vie fut modeste, il participa à la première guerre mondiale comme tant d'autres, puis fit une carrière de journaliste sportif. Il fut militant d'un parti catholique rallié à la république, et toujours journaliste sportif dans la presse collaborationniste pendant l'occupation de 1940 à 1944.

L'ambassade d'Equateur avait perdu sa trace quand le diplomate et écrivain équatorien Dario Làra le retrouva au début des années 60, presque octogénaire et modeste retraité sur la Côte d'Azur... Jean Contoux n'a jamais visité l'Equateur où son père est toujours considéré comme une gloire nationale.


Juan Montalvo, Ambato, Equateur, 1833-Paris, France 1889.


En bonus, l'hymne de la section équatorienne de l'Internationale Philopyge:



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Un abbé dans cette tourmente !




L'abbé Mugnier, confesseur des écrivains parisiens et du Quartier Latin, (célèbre pour son journal intime, chronique de la vie mondaine et littéraire de son époque), était horrifié par le délire antisémite et les appels à la haine de l'église et de la presse catholique. C'est lui qui donnera aux Philopyges quelques informations utiles pour leurs bonnes actions...





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Guzman-Blanco, un sud-américain à Paris

Ancien président du Venezuela, Guzman-Blanco adorait Paris comme en témoigne cette caricature : "Caracas telle que l'aurait voulue Guzman-Blanco" c'est à dire Caracas avec la tour Eiffel et l'Arc de triomphe.



Après ses trois mandats, il passera les dix dernières années de sa vie à Paris. C'est à ce moment qu'il apparaît dans le roman, où il se fait d'abord escroquer, puis cambrioler.



L'escroc est l'écrivain colombien Vargas Vila (ci dessous ) accompagné de notre héros, Alexandre Wollaston.



L'escroquerie portera sur une pseudo-souscription destinée à financer une statue équestre de Guzman-Blanco à Caracas.



Par la suite, toujours avec la complicité d'Alexandre Wollaston, Guzman-Blanco sera victime de l'anarchiste cambrioleur Jacob,



qui lui volera notamment sa voiture, une superbe Panhard & Levassor 1894.



Guzman-Blanco meurt à Paris le 28juillet 1899.




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Revue de presse complète.

Prochainement, L'Agglo-rieuse, hebdo satirique de Montpellier.



DNA 19 DECEMBRE 2010

Antoine Barral «Les Philopyges»

L'affaire Dreyfus comme vous ne l'avez jamais lue

? Roman historique, érotique et humoristique, Les Philopyges (La Conjuration des Patriotes) livre une version fessue, jubilatoire et iconoclaste de l'affaire Dreyfus.
Léon Daudet s'envoyant une ligne de cocaïne au bordel, le général de Boisdeffre, chef d'état-major des armées chevauché par une rouquine... L'écrivain montpelliérain Antoine Barral écrit une chronique haute en couleur de l'affaire Dreyfus vécue de l'intérieur par un joyeux groupe d'anarchistes et de poètes s'opposant au complot des patriotes. Le verbe est leste, précis, souvent orgasmique. Il est le fruit d'années de recherches aussi sérieuses que caustiques.
Armée, droit et liberté
Publications de la Belle Époque, quotidiens politiques, ouvrages alors enfermés aux Enfers des bibliothèques, Barral a tout épluché avant de se jeter dans l'écriture de ce roman-feuilleton dont il annonce un tome 2. On y croisera les grandes figures de l'époque - Mallarmé, le traître Esterházy, Zola, Déroulède - et pas forcément dans les postures les plus dignes. Et au milieu, notre groupe d'anars comme un pavé dans la mare.
Vous avez dit philopyges ? Philo comme philosophie, pyge comme callipyge, pas besoin d'un dessin de Lautrec pour comprendre, c'est une philosophie du boudoir en action revisitée. Et effectivement, tandis que le Mulhousien Alfred Dreyfus transpire sur l'île du Diable, tout ce petit monde s'étripe et s'éborgne à Paris pour faire triompher qui le droit et la liberté, qui l'institution militaire.
L'Histoire se déroule sous nos yeux, dynamique, scrupuleusement respectée, plausible, à ceci près qu'on l'observe depuis un versant inhabituel, celui qu'occupent les anarchistes de la fin du XIXe siècle. Voici donc un roman où l'on voit un abbé du Quartier latin, un cambrioleur et la fille d'un grand avocat, fomenter un attentat à la bombe sexuelle contre un président de la République pour faire échec aux antidreyfusards.
Un roman qui déploie quelques scènes aussi orgiaques que satiriques et où le nationaliste antisémite Paul Déroulède, aussi défoncé qu'une porte après le passage du GIGN, déclame en caleçon: "L'air est pur, la route est large - Le clairon sonne la charge - Tous en avant, pour la patrie - Nous hurlons vive Esterházy !" Tout un programme.
G. G.
? Les Philopyges (La Conjuration des Patriotes), par Antoine Barral, aux Editions Singulières, 19 euros.




La Gazette de Montpellier, édition du 16 septembre 2010.




Le Courrier de Genève, édition du 11 septembre 2010




MIDI LIBRE Édition du mercredi 24 mars 2010

DR
Montpellier. Livre: La saga d'Antoine Barral prête à éditer

ÉCRITURE : L'auteur a pris cinq ans pour mener à bout son 1 er roman

Dernier feuilleton d'un roman. Celui d'Antoine Barral. Montpelliérain de Marseillan, ce gérant de camping s'est mis en disponibilité pour finaliser son premier livre. Une saga historico-satirique de plus de mille pages, « truffée d'intrigues à la Arsène Lupin sur une trame rocambolesque, façon roman fleuve du XIX e . » Et ce livre, en deux tomes, écrits d'un trait par ce passionné tatillon, se nomme Les philopyges s'en mêlent. Un philopyge étant, comme chacun sait, « un admirateur des fesses » (terme non trouvé dans le dictionnaire, ndlr).
Après l'écriture de son roman, Antoine Barral a trouvé entente ave c Les Éditions Singulières. Sourire. L'écrivain est « soulagé de ne pas sortir ce livre à compte d'auteur. Et que sa parution soit sûre pour la prochaine Comédie du livre. » Manifestation à laquelle l'Héraultais tient particulièrement. « Avec tous les bouquins qui sortent, rencontrer les lecteurs sur une place aussi importante est primordial. » Pour promouvoir son ouvrage, l'homme alimente aussi le net d'informations.
« Tout y est dit sur ce qui construit le rom an. Anecdote, document illustré, étude scientifique », explique celui qui est aussi cheville ouvrière du café des auteurs, rencontres littéraires animées au Baloard menées aussi par la sociologue-écrivain de Montpellier Marie-Laure de Noray -Dardenne... Avec laquelle Antoine Barral s'est d'ailleurs associé pour « transposer L'Iliade et L'Odyssée en Afrique. L'oeuvre d'Homère est éminemment européenne. Nous avons trouvé des analogies avec les héros de la tradition orale africaine qui ont leur Panthéon. » Entre philopyges et bénis des dieux de la savane, Barral s'essaie aussi à la construction d'un roman de science-fiction... Manière de diversifier et croiser d'autres regards sur le monde. ÚEgalement sur internet http://leblogdemonpremierroman.blogspot.com/2009/10 / la-couverture.html www.autour-des-auteurs.net

C.-S. FOL





MIDI LIBRE pages locales MARSEILLAN
Édition du jeudi 27 mai 2010
Edition : Les philopyges , premier roman d'Antoine Barral


Antoine Barral est né à Béziers il y a maintenant quelques années. Après une enfance passée en Afrique et en Amérique du Sud, il termine ses études à Montpellier. S'en suit tout un tas de petits boulots, d'abord aux Glénans, il gère ensuite un petit camping à Marseillan-plage. Il se consacre alors à l'écriture et aux écoles occitanes Calandreta.
Dans quelques jours, il sortira son premier roman aux éditions Singulières de Sète. "Les philopyges", tel est le titre de ce premier ouvrage dont l'action se situe pendant l'Affaire Dreyfus, entre 1898 et 1900. Il s'agit d'un roman d'aventure satirique, un hommage humoristique aux feuilletons populaires d'autrefois, aux aventures d'Arsène Lupin, de Rocambole, ou des Pieds Nickelés. Les héros sont une bande de poètes farceurs et paillards, les philopyges
(les amis des fesses) qui découvrent l'existence d'un complot militaire visant à renverser la troisième République. « J'ai fait le choix d'un récit humoristique, mais il y a un solide travail de recherche historique derrière. Peu importe ce qui est vrai ou faux dans le roman, l'important c'est que les lecteurs s'amusent... Le texte est truffé de clins d'oeil anachroniques à Brassens, à Boby Lapointe, à Boris Vian, et bien d'autres... Au lecteur de les découvrir... » Antoine s'est déjà attelé à l'écriture du second volet de son aventure qui paraîtra prochainement chez le même éditeur.
Avide de cultures différentes, il aimerait finir un court roman qu'il écrit en espagnol et se faire reconnaître également comme auteur dans cette autre langue.
Il sera à la Comédie du livre à Montpellier du 28 au 30 mai et pour les plus curieux rendez-vous. ÚEgalement sur internet http://leblogdemonpremierroman.blogspot.com/2009/10/la-couverture.html




Rencontre aux Nouvelles Presses du Languedoc
envoyé par Thautv. - Regardez plus de courts métrages.


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Bernard Lazare, anarchiste et premier défenseur de Dreyfus



Deux biographies de cet homme d'exception ont été écrites en France, par Jean-Denis Bredin et par Philippe Oriol.

Né à Nîmes en 1865, il a 30 ans au début de l'affaire Dreyfus. Il est athée, issu d'une vieille famille juive provençale.

Bachelier, il s'est installé à Paris à l'âge de 20 ans, étudiant, il espère se faire un nom dans la littérature.

C'est l'époque où Edouard Drumont vient de publier son livre antisémite "La France juive".

La montée de l'antisémitisme mènera Lazare à s'intéresser aux débuts du mouvement sioniste. D'abord proche de Theodor Herzl, il s'en éloignera vite, jugeant le mouvement sioniste trop complaisant envers les puissances politiques et celles de l'argent.

Anarchiste et homme libre et incorruptible, il sera un des premiers et des plus actifs défenseurs du capitaine Dreyfus, à la demande de la famille de celui-ci. Il n'en recevra que peu de reconnaissance.

Son indépendance le conduira plusieurs fois à prendre ses distances avec certains milieux ( dreyfusards, sionistes) tout en restant un infatigable défenseur des opprimés ( Juifs de Roumanie, Arméniens de Turquie...)

Sa lucidité sur les risques de dérives du sionisme est encore exemplaire aujourd'hui.

Il meurt de la tuberculose en 1903.